Qui a envie de trouver plus de bonheur dans sa vie ? Tout le monde bien sûr. Personne ne souhaite être malheureux. L’idée de trouver plus de bonheur dans nos vies est évidemment plaisante. Et tout le monde devrait avoir accès au bonheur. Aujourd’hui, ce n’est pas une question mais une injonction. Nous devons être heureux. En permanence. Une version idéalisée de nous-même, avec notre meilleur portait mis en avant partout. En partant à la recherche du Bonheur (avec un grand B), nous sommes soumis à une urgence. Nous le voulons tout de suite, sans attente. Parfois, dans l’urgence nous perdons le grand « B » pour se contenter d’un petit « b ». La quête du bonheur n’en devient plus vraiment une. Jusqu’à oublier que nous pouvons avoir le droit au Bonheur et pas simplement à la douceur, aux petites joies et satisfactions, symboles d’une certaine réussite, d’une vie remplie et/ou chanceuse.
Alors, sortons nos crampons et partons à la recherche du bonheur !
Du bonheur dans la vie pour tous !
Nous sommes tous à la recherche de plus de bonheur dans nos vies. Tout le monde a le droit au bonheur, à ces moments de plaisirs (sensoriels, matériels, émotionnels, spirituels…). Comme le précise la déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen depuis 1948 : »Tout les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et droits » .
Ainsi, trouver le bonheur dans nos vies deviendrait non dépendant des lois de l’univers, mystiques et hasardeuses. Cependant, nous considérons souvent que le bonheur dépend de notre bonne fortune. Un mélange de hasard et de chance. Comme si le bonheur dans nos vies dépendait de notre bonne étoile. Ou encore, d’une roue qui tourne et qui finira bien par nous montrer son bon côté, à défaut des infortunes et des troubles que nous traversons. Et si le bonheur n’était pas simplement lié au hasard ? Qu’il était disponible pour tous et à tout moment ?
Un peu de plus de bonheur ? Oui, à emporter.
Nous travaillons tous pour améliorer nos vies. Afin de passer peut-être d’ordinaire à merveilleux. D’ailleurs, régulièrement, nous sommes à la recherche de nouvelles expériences positives qui nous apportent une satisfaction immédiate, une touche de bonheur. Notre petite dose de gourmandise, une touche de douceur, un petit quelque chose de génial, un chouia d’adrénaline… Que ça soit un nouveau vêtement, un massage, un voyage, un repas au restaurant, l’achat impulsif. Qu’il soit coupable, inavouable ou instagramable, il s’agit d’un petit bonheur que nous vivons avec satisfaction. Rien de mal à cela. Au contraire, c’est même bien.
Il n’y a pas de mal à se faire du bien ? Certes, comme il n’y a pas de mal, nous en reprenons. Un deuxième, un troisième, un milliers. Ainsi, nous sommes devenus des consommateurs compulsifs de bonheur. Soudain, entre deux doses, c’est la crise. Nous sommes alors en proie à l’inquiétude, aux doutes. Ce qui vient éloigner encore un peu le fait de trouver le bonheur dans nos vies. Car, si nous cultivons l’accumulation des expériences positives, nous excluons la possibilités d’accepter d’en vivre des négatives. Donc entre deux shoots, nous sommes aux aguets de la possibilité d’un mieux. Nous regardons désespérément ailleurs. Ou pire, lors du premier bonbon, nous sommes déjà en train de penser au suivant. Du compulsif à l’addiction.
Nous sommes donc à la recherche du bonheur ou plutôt à la poursuite du bonheur tels des chasseurs, des explorateurs ou des chineurs. Nous essayons de le capturer, l’attraper ou le collectionner. Bien sûr, il reste intéressant de chercher les expériences positives, de cultiver les moments agréables et les petits plaisirs. Mais, il faut garder à l’esprit que nous pouvons rentrer bredouille comme il existe dans la vie des moments désagréables. Les peines et les blessures sont des possibilités. Peut-être, nous faut-il garder à l’esprit que les choses passent. Finissent toujours pas passer. Les bonnes comme les mauvaises. Les bouddhistes parlent d’impermanence.
Cette traque du bonheur induit, également, l’idée que le bonheur est à l’extérieur de nous. Il suffirait de tendre la main pour en avoir un peu, beaucoup, à la folie… mais comme le dit l’adage « ça ne pousse pas dans les arbres ». Alors peut-être que cette idée est le résultat de notre façon de consommer, mais après tout quand vous souhaitez acheter quelques choses de nouveaux, partir en vacances, aller au restaurant, vous avez du travailler pour gagner de l’argent. Et si pour accéder au bonheur, il fallait aussi se retrousser les manches ?
Trouver le bonheur ? Alors, au boulot.
Pour les philosophes grecs, le bonheur se méritait, se gagnait par un travail, une discipline régulière. C’était le travail de toute une vie. L’intégralité d’une vie, pas seulement des moments pour accéder au bonheur. Une vie composée de moments positifs, heureux, joyeux mais également de chagrin, de difficultés, de négatifs. Pas de bonheur, sans malheur ? Ou peut être pas d’appréciation du bonheur sans vivre pleinement son opposé.
Un travail permettant d’avoir une vie vertueuse. La source du bonheur serait donc dans là, dans la vertu. La vertu qui regroupe :
- la prudence ou prendre le temps de réfléchir avant d’agir afin de distinguer ce qui est bien ou bon de ce qui est mal ou mauvais.
- la tempérance ou agir avec modération, voir retenue.
- la force d’âme ou faire preuve de courage et surmonter les peurs.
- la justice ou classer nos actions en fonction de leur mérite au regard de la morale (le bien) ou de la loi.
Une vie vertueuse, une vie de bonheur questionne donc nos liens avec les autres, le monde, l’univers. (Ça ne vous rappelle pas les yamas et niyama de Patanjali ?) Peut-être devons-nous nous questionner sur la façon d’apporter, d’amener du bien ou du mieux aux autres. Sans se soucier d’un retour potentiel. Faire le bien et éviter de faire souffrir, de faire du mal pour être heureux… Une vie à être au service, à l’écoute, à venir en aide… à la communauté. Pour Confucius, notre bonheur résiderait dans « notre rapport à l’humanité ». A notre humanité ?
Bouddha aurait dit « Si tu veux que les autres soient heureux, pratique la compassion. Si tu veux être heureux, pratique la compassion. » S’occuper des autres comme on s’occupe de soi ? Être bienveillant envers les autres comme envers soi-même ? Soutenir les autres comme on se soutient soi-même ? Pardonner les autres comme on se pardonne soi-même ? Aimer les autres et s’aimer soi-même tel que nous sommes ? …. Effectivement, toute une vie de travail peut être nécessaire !
Mais peut-être, qu’au delà des efforts et du travail à fournir, au-delà des relations sociales, familiales ou amicales, au delà des piliers de la vertu ou encore de la pratique de la compassion, nous faut-il trouver un sens ou trouver du sens à nos existences ?
Nos vies ont-elles du sens ?
Une question qu’il semble important de se poser est « où investir notre énergie pour vivre la vie que l’on veut ? « . Pour certains, ça sera dans la recherche d’émotions positives, de la réussite (sociales, sportives, intellectuelles …), d’atteindre un niveau de confort de vie, d’être utile à l’humanité, de transcender les intérêts individuels… Aucun jugement, chacun devra trouver où investir son énergie. Chacun devra trouver quel équilibre il voudra entre satisfaction immédiate et satisfaction sur le long terme. Bien sûr l’immédiat n’est pas opposé au long terme. Par exemple, le besoin d’être en bonne santé répond à une envie immédiate, mais l’expression de soi (le véritable soi) nécessite un travail sur le long terme.
Chacun devra, peut-être, trouver un sens à sa vie afin de vivre plus heureux.
Comment parvenir à identifier ce qui apporte du bonheur ?
Aussi je vous propose quelques exercices, afin de faire émerger un peu de sens dans votre vie, un peu plus de vous-même et peut-être de trouver un peu de bonheur. La plupart sont issus de mes lectures, de mes expériences personnelles. Je les ai tous utilisés au moins une fois, d’autres font des va-et-vient dans ma vie, d’autres me suivent depuis longtemps. J’avoue que le chemin est long, compliqué, pas toujours confortable. Cependant, une fois entamé, j’ai mesuré à quel point j’ai pu parfois me fourvoyer et à quel point cela fait du bien d’éplucher les couches de l’oignon pour se rapprocher du bonheur.
Voici ma liste, elle n’est pas exhaustive, il existe beaucoup d’autres exercices. Prenez le temps, laissez le temps aux choses d’émerger. Commencez par un exercice qui vous parle, peut-être deux. Pas la peine de les faire tous d’un coup. Certains vous accompagneront peut être pendant plusieurs mois, d’autres ne seront fait qu’une fois. Le choix dépendra de vous. Il sera donc juste.
Exercices pour se rapprocher du bonheur
1- Se vider la tête : écrire chaque matin ce qui nous passe par la tête
Chaque matin, après la douche et avant le petit déjeuner (ou l’inverse), asseyez-vous confortablement avec une feuille ou un cahier et un stylo et écrivez. Écrivez ce qui vous passe par la tête : la liste des courses, le rêve de la nuit, le planning de la journée, la colère de la veille, ou encore « je ne sais pas quoi écrire »… mais écrivez. Seule obligation, restez le stylo à la main pendant 5 minutes minimum. Certains jours, il y aura seulement quelques mots et à d’autres moments, ce sera un roman. L’idée : vous vider la tête pour arrêter de ressasser les mêmes pensées.
2- Exprimer sa gratitude ou Trouver 3 choses kiffantes ou positives dans sa journée
Il s’agit ici de s’habituer peu à peu à observer, focaliser sur les choses positives, sur ce qui va bien, sur ce qui nous apporte de la joie ou nous permet de grandir. Au début ça ne sera pas simple, car notre mental est plutôt en mode « regarde ça, c’est potentiellement un peu dangereux et ça aurait pu te faire mal ». Puis peu à peu, on se rend compte que finalement le soleil continue à briller et les fleurs à s’épanouir.
3- Écouter son souffle et essayer d’équilibrer l’inspiration et l’expiration
Le souffle constitue une cible mouvante. Un mouvement naturel, identique et pourtant toujours différent. Un peu comme les vagues, à la différence que le souffle est toujours avec vous, accessible et disponible. Le souffle permet de revenir constamment sur l’instant présent, le ici et maintenant. En cherchant à équilibre l’inspiration et l’expiration, peu à peu c’est tout le corps qui vit au présent : le battement de coeur se coordonne avec le souffle, les pensées ralentissent, les systèmes nerveux sympathiques (action) et parasympathiques (repos) s’équilibrent… le souffle ouvre un espace de bien-être.
4- Méditer ne serait-ce que 3 minutes
La médiation, c’est s’offrir l’opportunité de ne rien faire ou presque. Juste être assis là, les yeux fermés à prendre conscience du souffle, des sensations dans le corps, des sons autour de nous et des pensées. Inévitablement, à un moment ou à un autre, les pensées nous amènent loin de l’assise, ce n’est pas gave, revenez sur le souffle. Prendre le temps de ne rien faire ou presque, c’est l’occasion de se recentrer sur soi, d’observer la pensée qui tourne en boucle et donc peut-être de faire un pas de côté pour sortir du schéma habituel.
5- Bouger : s’étirer, danser, yoga, marcher
Ici, l’important c’est de (re-)prendre conscience du corps. Souvent négligé, souvent oublié. Une façon de vous découvrir, de vous ressentir et de vous connecter à vous même. D’autre part, l’activité physique permet de dénouer les tensions corporelles et de diffuser des endorphines (hormones de le joie et du bonheur) dans tout le corps. Pas nécessaire de faire 3 heures de footing, quelques étirements le matin, danser librement sur votre morceau préféré, deux salutations au soleil peuvent faire la différence.
6- Sortir au contact de la nature
Un bain de nature, quoi de mieux. Cela permet d’échapper à la sur-sollicitation de nos vies de plus en plus urbaines, de nous permettre de prendre conscience de notre (petite) place dans le monde, certaines choses nous dépassent (nous et notre nombril). La nature a son propre rythme qui ne dépend pas d’une montre ou d’un cadre légal.
7- Prendre le temps de finir une action avant de passer à une autre
Perso, j’ai encore du taf ici. Nous avons tendance à faire plusieurs choses à la fois ou d’enchainer nos actions. Notre attention est diminuée, notre concentration également, mais notre fatigue augmente. Prendre le temps de se dire, ça c’est fini et je vais commencer ça maintenant.
8- S’offrir quelques minutes de silence, sans radio, musique, livre… rien juste le silence
Quand les choses se bousculent, que l’état de fatigue est avancée, qu’un rien pourrait vous faire exploser : pensez à vous isoler quelques instants sans aucune sollicitation. Les effets sont immédiats. Bien sûr, le silence peut être dérangeant, voyez là une occasion d’apprendre quelque chose sur vous et jusqu’au jour où cela sera une expérience riche et incroyable. Certains restent 7-10 jours dans ce silence, cela s’appelle Vipassana. Un jour peut-être !
9- Changer ses habitudes
Un thé à la place d’un café, ne pas ouvrir immédiatement sa boite mail, finir sa douche à l’eau froide, changer son trajet, prendre le temps de faire un jeu de société, le café de 10h dehors… chaque jour notre cerveau produit quasiment les mêmes pensées (90%). En bousculant, nos routines, on lui demande de changer un peu les choses et qui sait une nouvelle idée peut émerger. Une qui change. Qui change la vie ? Ma prof de philo en terminale me disait que les perturbations permettaient de réveiller la conscience.
10 – Lister ce qui va bien dans sa vie
Juste pour s’apercevoir que finalement tout ne va pas si mal : l’eau chaude au robinet, le toit au-dessus de nos têtes, l’ami.e qui offre son écoute, le repas dans le four, la possibilité de faire du yoga, la liberté d’expression, la santé…
11- Ne pas allumer son téléphone dès le réveil, ni la radio, ni la télé avant d’avoir pris son petit déjeuner
L’idée ici est de ne pas se laisser happer par l’extérieur ou les autres avant même d’être sorti du lit. Encore une occasion d’être présent à soi-même, de se connecter à soi ou à ses proches plutôt que de tourner notre attention ailleurs. Scroller, twitter, swiper, liker… autant de petits gestes anodins qui nous conduisent à activer le mental et peut-être pas dans ce qu’il a de meilleur à offrir. Les réseaux sociaux, les informations et les publicités peuvent être sources de stress, d’anxiété, créateurs d’envie, de manque, de culpabilités… alors le matin commencez par vous servir vous plutôt qu’autre chose.
En conclusion
Nous sommes tous à la recherche de plus de bonheur. Nous espérons tous en faire entrer plus dans notre vie. Peut-être devons-nous donc apprendre à apprécier les petits bonheurs du quotidien et construire un sens pour trouver le grand Bonheur. Il ne s’agira pas de faire semblant dans le creux de la vague et d’accepter que les choses vont mal, mais de garder à l’esprit qu’il nous faudra des efforts, de la constance, du contentement, du courage, de la persévérance… Il nous faudra nous rappeler que parfois il y a des opportunités à saisir et qu’il nous faudra prendre un risque. Celui de se tromper, de mal faire, d’échouer, de tomber. Lao-Tseu écrivait « Le but n’est pas le but, c’est la voie ». C’est peut-être là le secret du bonheur. Le chemin parcouru. Notre chemin, dans cette vie. Alors, bonne aventure à vous.
Sources
Deepak Chopra & André Dommergues – Les sept lois spirituelles du vrai bonheur: Simplifier sa vie et voir le monde en soi : Le chemin vers l’illumination
edX – University of Berkeley – The Science of Happiness
Lao-Tseu – Toa Te King, Le livre de la voie et de la vertu
Jonathan Lehmann – Les Antisèches du Bonheur: La méthode simple et efficace pour vivre plus heureux.
Patanjali – Yoga sustra
Florence Servan-Schreiber – 3 kifs par jour
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