Lors de mon voyage au Cambodge, j’ai eu l’occasion de faire un trajet en bateau, une petite aventure non loin des sentiers battus puisque ce parcours est une activité incontournable selon la plupart des guides occidentaux (et il est vrai que les 6h de trajet sont incroyables).
A bord, parmi les touristes, se trouvait un enfant du pays qui accompagnait son père, le capitaine de ce bateau de pêche reconverti. Rapidement, ce garçon s’est mis à circuler dans le bateau pour nous serrer la main, nous sourire, prendre note de nos différences occidentales (ma barbe l’a beaucoup amusé par exemple).
Le départ ayant eu lieu tôt le matin, petits à petits nous nous sommes mis à sortir nos petits déjeuner de nos sacs, achetés dans une échoppe ou préparés dans une boite par nos hôtels respectifs. A quelques détails près, nos petits déjeuners été tous composés de fruits, de morceaux de pain et quelques autres mets d’un déjeuner «eastern style ». Parmi nous, une femme sortie de sa box un petit gâteau. Il s’agissait plus d’une mignardise que d’un gâteau, vous savez le type de gâteau accompagnant un café ou un thé que l’on mange en une ou deux bouchées. J’insiste une mignardise d’une simplicité toute simple, d’un diamètre d’une pièce de 2€, pas plus. A priori rien d’exceptionnel, jusqu’à ce que cette femme, avec un sourire d’une grande douceur, tendit ce gâteau au fils du Capitaine.
Ce petit gâteau tout simple dans son tout petit moule à muffin en papier, laissa apparaître une large sourire sur le visage de l’enfant et des étoiles dans ses yeux. Il pris alors le temps de contempler ce gâteau comme un véritable trésor, le sentir délicatement, en lécher d’abord le sucre et sans précipitation le retirer du moule pour le sortir en entier sans l’abîmer. Puis il croqua une première bouchée qu’il savoura, puis une deuxième avec la même lenteur et la même attention. Il pris le temps de montrer le gâteau à un autre passager avant de le terminer en encore 2 ou 3 bouchées. Et plus je le regarder se délecter, plus je me disais que je n’aurais sans doute pas été aussi rempli de joie par gâteau et je n’aurai pas su me délecter autant de cette mignardise. En écrivant ces mots je me prends conscience que je me suis délecté de cette instant de gourmandise, et qu’à ma façon j’étais aussi dans ce moment pleinement présent. Christophe André a écrit, après un déjeuner frugal, « c’est fou, quand on prend son temps, de voir tout ce qu’une pomme peut nous offrir ». Il en va sans doute de même pour tout ce qui compose nos vies, mais prenons-nous seulement le temps de savourer au moins quelques-unes des miettes de nos existences ? La perfection dans la moindre petite chose de la vie. Certaines miettes peuvent être savourées différemment, alors merci à ce gâteau d’avoir fait, à sa façon, au moins deux heureux à bord ce jour-là.
*Photo : Bambou Sticky Rice, encas local préparé avec du riz gluant, des haricots rouges, du lait de coco et du miel et cuit dans un tube en bambou au feu de bois pendant 2h.