Créer de l’espace. J’utilise souvent cette phrase durant mes cours. Une phrase qui m’a été transmise. Une phrase fait sens pour moi. Je ressens ces espaces créés. Je peux même les mesurer dans mon occupation des asanas ou dans ma croissance de 3cm alors que j’ai 37 ans. Je les perçois aussi sur des plans plus subtils.
Ces derniers temps, je m’interroge. Créer de l’espace, c’est faire de la place, du vide. Je n’ai rien contre vider, désencombrer, nettoyer. Bien au contraire.
Cependant, la nature ne semble pas aimer le vide et elle s’arrange pour le combler, le remplir. Avez-vous remarqué les plantes dans les interstices de trottoirs ? Les objets qui s’entreposent sur l’étagère que vous rangez régulièrement ? A chaque fois, il y avait de l’espace. De l’espace pour que quelque chose puisse pousser, se développer, se déposer. Cela se peut se produire spontanément, naturellement, artificiellement, arbitrairement, aléatoirement.
Aussi, je m’interroge sur ces espaces que je crée, ces vides que je fais lors de ma pratique et la façon de les remplir. Dois-je les laisser se remplir spontanément, choisir ce que j’y mets ou les deux ? Ai-je seulement le contrôle sur ça ?
J’aime poser une attention, une intention, un sankalpa en début de pratique et y revenir en fin. J’y reviens pour savoir si les mots font encore écho en moi. Parfois, j’ai l’impression que ces mots ont été déposés, comme si je les avais absorbé/intégré, et parfois c’est autre chose qui émerge. Peut-être qu’en créant de l’espace j’ai mis quelques choses en suspension. Je peux alors formuler autre chose pour ma journée ou y revenir dessus lors d’une prochaine pratique.
J’aime aussi faire sans orienter, en laissant faire les choses, dans la spontanéité et la conscience. Dans le flow. Mais dans ce cas, qu’est-ce qui remplit mes espaces, mes vides ? Peut-être d’autres croyances, d’autres éléments sous-jacents ou encore autres choses qui, je l’espère, seront positives comme la bienveillance, la compassion, l’altruisme, la douceur, l’amour. Mais comment savoir ce qui émergera. Il me faudra sans aucun doute attendre, observer, consolider ou recommencer comme avec l’étagère.