Lorsque je promène dans la nature et que je ne suis pas absorbé par mes pensées, je peux voir la végétation, la couleur de la terre, du ciel, j’entends le chant des oiseaux, je ressens la température de l’air, la force du vent, il m’arrive même de goûter les fruits sauvages ou les herbes et parfois les odeurs (vous savez quand un odeur est très forte et que vous avez l’impression de l’avoir aussi dans la bouche). Mais je ne perçois pas tout, je ne perçois pas ce que mes yeux ne peuvent pas voir ou que mes oreilles n’entendent pas, ma perception du monde est limitée par mes propres sens, par mes interprétations et mes analyses. Quand je trouve un lieu superbe ce n’est qu’une interprétation liées à mon passée, peut-être mon éducation ou mon conditionnement sociétale. En est-il de même avec les gens que nous rencontrons ? Interprétons-nous le comportement des autres uniquement selon nos propres expériences, notre propre vécu ? La réponse est sans doute oui. Dans notre quotidien nos sens nous permette de donner un avis sur les gens, les objets, les évènements que nous rencontrons et ainsi nous faisons le choix d’apprécier ou non, d’accepter ou rejeter… Nous cherchons à revivre des sensations (plutôt agréables) que nous avons déjà expérimentées (dans certains cas jusqu’à l’addictions même si, ici, le plaisir n’existe plus).
Notre cerveau conditionne notre façon de réagir en fonction de ce que nous avons déjà vécu, ce que l’on nous apprend et peut-être par des peurs ancestrales ou primaires qui n’ont plus lieu d’être. Ce conditionnement est d’autant plus renforcé car nous analysons ce que nous voyons, vivons, expérimentons en fonction même de ce conditionnement, ainsi les chemins neuronaux du cerveau sont renforcés, les messages électriques et chimiques se propagent encore plus vite créant une véritable autoroute à un conditionnement réflexe. Évidemment ce fonctionnement a aussi du bon, nous sommes aptes à réagir rapidement face à une situation dangereuse ou nous avons mémorisé que le feu brule depuis que nous sommes petits (bien qu’il m’arrive encore de me bruler avec une flamme). Mais il existe aussi des addictions qui n’engendrent pas/plu le bonheur, les illusions d’optiques qui ne sont qu’une interprétation de ce que nous percevons (les cercles ne bougent pas vraiment…), . Nous pouvons alors nous questionner sur ce que voyons-nous réellement du monde ?
Une des étapes du yoga, selon le chemin décrit par Patanjali dans les Yoga sutras est Pratyahara ou le retrait des sens. Dans cette étape, Pantanjali souligne l’importance d’apprendre à détourner le mental des sensations externes. En fait, il s’agit ici de rétracter l’esprit de toutes activités sensorielle, plus facile à dire qu’à faire… ou peut-être de les garder sous contrôle. Quand, nous pratiquons un pranayama ou restons en contact du souffle pendant le pratique (respiration Ujjayi), quand nous fermons nos yeux ou fixons un point, nous retirons un de nos sens pour être plus en contact avec notre être intérieur, notre moi véritable, notre âme, la conscience n’intervient plus. Nous nous sommes alors prêt pour la concentration (Dharana), état dans lequel nous sommes apte à prendre du recul, à faire un pas de côté pour ré-interpréter le monde pas selon un conditionnement ou un réflexe émotionnel ou sensoriel, et nous sommes prêt et la méditation (Dhyana).